TDAH, c’est probablement l’un des acronymes les plus connus. Enfin, pratiquement tout le monde est capable de dire qu’il signifie trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité, mais est-ce que la majorité des gens savent vraiment ce que ça implique? La question est légitime. Quand on surfe sur les réseaux sociaux, de Facebook à Tiktok, beaucoup de mésinformation circule sur le TDAH. Ce n’est pas nécessairement par mauvaises intentions de partager des faussetés, mais bien parce que le TDA/H est non seulement complexe mais il est encore méconnu du public. Ce partage de fausses informations et d’idées préconçues contribue à maintenir la méconnaissance de ce diagnostic et à la stigmatisation. Heureusement, cet article vous aidera à déboulonner certains mythes et rappeler certains faits concernant le TDAH.
Une personne ayant un TDAH peut vivre une variété de symptômes. Par souci de parcimonie, nous vous épargnerons la liste complète de ces symptômes, qui est facilement trouvable avec une petite recherche internet. Sachez que le principal outil utilisé pour l’évaluation du TDAH et déterminer si un diagnostic doit être posé ou non est le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5)1.
Le TDAH est une maladie mentale : FAUX !
Maladie mentale n’est pas le mot le plus exact pour qualifier le TDAH. Les écrits plus médicaux qualifient le TDAH de maladie ou de trouble neurodéveloppemental. Cela signifie qu’il s’agit d’une particularité neurologique et non d’une maladie mentale à proprement dite. Selon les recherches récentes, dont celle de Dr Hoogman et ses collègues qui est souvent citée, c’est effectivement ce que l’on constate : il existerait certaines différences anatomiques entre un cerveau TDAH et un qui ne l’est pas2.
Toutefois, si on sort de cette vision médicale plus traditionnelle, on peut concevoir le TDAH comme une forme de neurodiversité. Vous avez peut-être déjà entendu ce terme pour le trouble du spectre de l’autisme. Le concept de neurodiversité s’est aussi élargi à toutes formes de différences du fonctionnement mental, comme l’autisme ou le TDAH3. Dans cette approche, le mot trouble n’est donc pas exactement le bon mot pour parler du TDAH. Il s’agirait plutôt d’un état, d’une simple différence du fonctionnement du cerveau d’une personne quand on la compare avec une personne qui n’a pas de TDAH. Cette vision du TDAH est plutôt récente et gagne en popularité, car elle est moins stigmatisante et encourage les personnes ayant un TDAH à accepter leur diagnostic et apprendre à vivre avec les forces et les défis que celui-ci amène.
Seul.e.s certain.e.s professionnel.lle.s peuvent diagnostiquer le TDAH : VRAI !
Et oui, comme bien d’autres diagnostics, le TDAH ne peut être posé que par certain.e.s professionnel.e.s. Ça peut être des médecins, des pédiatres, des psychologues, des neuropsychologues ou des psychiatres, pour ne nommer que les plus courants.
Malheureusement, il n’est pas possible de diagnostiquer le TDAH avec une simple prise de sang ou un scan comme pour d’autres conditions. Il faut une évaluation approfondie de la personne comprenant diverses observations du comportement et d’informations qu’on récolte à travers divers tests psychologiques ou neuropsychologiques. Notamment, les difficultés doivent avoir été observées par des proches avant l’âge de 12 ans. C’est en construisant un dossier avec ces éléments qu’un diagnostic peut être posé4.
Sachez toutefois que le diagnostic du TDAH comprend l’expérience de difficultés dans au moins deux sphères de sa vie. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il s’agit d’un synonyme d’extrême souffrance. Il existe plusieurs degrés de sévérité selon le nombre de symptômes vécus et l’intensité d’interférence avec le fonctionnement quotidien, allant de léger à sévère5. Alors, malgré les difficultés dans certains domaines, les personnes ayant une TDAH ne sont pas affectées avec la même gravité par leur diagnostic et certaines d’entre elles auront peut-être plus facilité à naviguer quotidiennement.
Le TDAH, c’est juste chez les enfants : FAUX !
Les adultes sont eux aussi touchés par le TDAH. Les études sur le sujet estiment que les deux tiers des enfants ayant un TDAH continueront d’avoir des difficultés associées au TDAH une fois adulte6.
Comme le contexte de la vie adulte est différent de celui d’un enfant, les obstacles vécus à la vie adulte vont aussi être différents. Ces défis se manifestent dans des domaines propres à la vie adulte. En voici quelques exemples concrets :
- Au travail : avoir de la difficulté à achever ses responsabilités dans les délais prescrits ou avoir des conflits avec ses collègues
- Dans une relation de couple : se faire reprocher de ne pas écouter son partenaire ou d’oublier des évènements importants
- Dans son rôle parental : avoir de la difficulté à maintenir la routine des enfants ou à maintenir une cohérence dans ses interventions auprès des enfants
- Dans ses responsabilités « d’adulte » : faire des dépenses impulsives causant des difficultés financières, manquer des rendez-vous ou avoir des problèmes de conduite automobile
Le TDAH s’exprime différemment d’une personne à une autre : VRAI !
Le TDAH ne s’exprime effectivement pas d’une seule façon. Plus précisément, il existe trois catégories en fonction des symptômes vécus chez la personne ayant un TDAH :
- Prédominance d’inattention
- Prédominance d’impulsivité
- Combinaison d’inattention et d’impulsivité
Dans le cas de l’inattention, on observe des difficultés surtout au niveau de l’attention, mais peu d’impulsivité ou d’hyperactivité. C’est le contraire pour la prédominance d’impulsivité, où on observe moins de difficultés d’attention. Finalement, dans la catégorie combinée, on retrouve autant des difficultés d’attention que d’impulsivité et d’hyperactivité7. Ainsi, ces catégories nous permettent de représenter avec plus de justesse les caractéristiques du TDAH d’une personne et les défis qui peuvent être vécus chez celle-ci. Il s’agit de tendances observées donc il peut arriver que cela se manifeste différemment.
Ce qui m’amène à mon prochain point : attention aux surgénéralisations! Ce n’est pas parce qu’une personne TDAH fait un certain comportement qu’il s’agit forcément d’une manifestation de son diagnostic. Par exemple, le fait d’oublier des choses ne signifie pas nécessairement qu’il s’agit d’un TDAH! N’oublions pas que malgré les progrès en matière de recherche scientifique, nos connaissances sur le cerveau humain restent encore très limitées. Ainsi, il est très difficile, voire impossible, de pointer quels comportements, habitudes ou préférences d’une personne sont attribuables à son TDAH. Même pour certains symptômes observés dans le TDAH, ceux-ci peuvent être attribuables à d’autres causes : trouble de santé mentale concomitant, grand stresseur vécu, trait de personnalité, consommation de substances, etc.
Le TDAH, ça apporte juste du négatif et des difficultés : faux
Ne vous laissez pas berner, le TDAH n’est pas que négatif. Oui, le TDAH amène son lot de défis, mais ce n’est pas tout. Les personnes ayant un TDAH peuvent tirer des avantages de leur condition! La Dre Diane Dulude, qui est psychologue et auteure, discute de ce sujet en entrevue8. Elle a notamment écrit un livre portant exactement sur ce sujet, TDAH, une force à rééquilibrer. Notamment, elle explique que les personnes ayant un TDAH peuvent voir le monde d’une perspective différente. Celles-ci ont donc le potentiel d’être plus créatives et innovatrices!
Je vous invite à lire le billet de Mélanie Ouimet au sujet du TDAH et comment il peut s’agir d’une force fondamentale chez une personne. Ce texte vous permettra de poursuivre votre réflexion au sujet du TDAH : https://quebec.huffingtonpost.ca/melanie-ouimet/derriere-le-tdah-il-y-a-une-personne_a_23281092/
Références
1 Le lien suivant mène à un excellent article de l’organisme PANDA Estrie qui résume les différents critères diagnostic du TDAH : https://www.pandaestrie.org/letdah/diagnostic/
2 Hoogman, M. et al. (2017). Subcortical brain volume differences in participants with attention deficit hyperactivity disorder in children and adults : a cross-sectional mega-analysis. The Lancer Psychiatry, 4(4), 310-319. https://doi.org/10.1016/S2215-0366(17)30049-4
3 Chamak B. (2015) Le concept de neurodiversité ou l’éloge de la différence, in « Regards croisés sur l’idée de guérison et de rétablissement en santé mentale », sous la direction de Catherine Déchamp-Le Roux et de Florentina Rafael, à paraître, John Libbey Eurotext. Récupéré à https://www.researchgate.net/publication/285652784_Le_concept_de_neurodiversite_ou_l%27eloge_de_la_difference
4 http://tdah.ca/tdahinfo/fiches/tdah_fiche05.php
5 American Psychiatric Association. (2015). DSM-5 : manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (traduit par J.-D. Guelfi et M.-A. Crocq; 5e éd.). Elsevier Masson.
6 https://www.caddra.ca/fr/public/adultes/
7 http://tdah.ca/tdahinfo/fiches/tdah_fiche12.php
8 https://www.lapresse.ca/vivre/sante/201411/03/01-4815289-tdah-un-avantage-aussi.php