By Pascale Voyer-Perron
Le 12 janvier dernier, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) déposait son rapport suite à un sondage concernant la santé psychologique chez les adultes québécois1. Les participant.e.s ont été questionné.e.s sur leur détresse psychologique, leur perception de leur santé mentale, leurs symptômes d’anxiété et leur bien-être émotionnel. Les résultats permettent de voir l’évolution de ces indicateurs au cours des derniers mois, depuis le début de la pandémie. Le bilan le plus inquiétant est celui des jeunes adultes de 18 à 24 ans et ceux aux études à temps complet2. Dans cet article, je vous propose de survoler l’historique de la détresse des étudiant.e.s universitaires, parce que spoiler alert, ce n’est pas un phénomène nouveau au Québec. Des ressources sont également disponibles à la fin de l’article si vous avez besoin d’aide ou de soutien.
Que veut-on dire par détresse psychologique?
Avant de se lancer plus en profondeur sur le sujet, je vous propose de définir quelques concepts en lien avec la santé psychologique. La notion qui nous intéresse principalement ici est la détresse psychologique, qui est un ensemble de symptômes et d’expériences internes vécus comme troublants, malaisant ou hors de l’ordinaire3. En état de détresse, on peut avoir de la difficulté à se concentrer, avoir des palpitations ou être irritable. De dire qu’on est en détresse, on pourrait dire en d’autres mots qu’on est à bout, qu’on n’est plus capable ou qu’on est dépassé.
Non. Si on recule en 2018, l’Union étudiante du Québec (UEQ) déposait les résultats de son enquête panquébécoise sur la santé psychologique des étudiant.e.s universitaires, aussi appelée Sous ta façade4. Les indicateurs évalués étaient la détresse psychologique, les symptômes dépressifs, l’épuisement émotionnel et les comportements suicidaires. Le constat était inquiétant :
Le facteur prédictif le plus fort à l’ensemble des indicateurs évalués est le sentiment de solitude, peu importe le cycle d’études des étudiant.e.s. Cela signifie qu’un grand sentiment de solitude chez un.e étudiant.e augmente sa probabilité de vivre les difficultés psychologiques nommées ci-haut. Aussi, cela signifie que le sentiment de solitude est le facteur prédicteur commun à toutes les difficultés évaluées par l’enquête. Il s’agit ici que de quelques résultats de Sous ta façade. D’autres facteurs ont aussi été relevés, ainsi que des recommandations ont été émises pour agir contre cette situation problématique.
Comme mentionné plus tôt, le portrait psychologique chez les étudiant.e.s et les jeunes adultes de 18 à 25 ans sont les groupes qui se démarquent quant à leur niveau élevé de détresse psychologique, la sévérité des symptômes anxieux vécus et la perception négative de leur santé mentale. La détresse était plus présente au printemps, au début du mois de mai, ainsi qu’au début de la rentrée scolaire à la fin du mois d’août. Cette trajectoire s’observe chez tous les groupes d’âge de la population.
Les raisons expliquant ce bilan seraient l’absence de contacts sociaux (particulièrement pour le groupe d’âge 18-24 ans) et un environnement non optimal pour la formation à distance (pour le groupe étudiant à temps complet)2. D’une part, pour l’absence de contacts sociaux, vous pouvez probablement comprendre la difficulté que cela représente, peu importe votre âge. Cependant, dans le cadre de ce sondage, la souffrance que semble engendrer l’absence de contacts sociaux est supérieure chez les jeunes adultes que chez les autres groupes d’âge. Cette situation peut mener à l’isolement social, dont les effets négatifs sur la santé mentale et physique sont largement reconnus5. D’autre part, pour l’environnement inadéquat pour la formation à distance, on peut penser que cela ajoute un stress supplémentaire. En ce sens, de multiples éléments peuvent perturber l’environnement de travail : une connexion Internet instable, l’absence de pièce tranquille où s’installer, le bruit de locataires voisins, les distractions… Bref, les étudiant.e.s sont inégaux dans les conditions dans lesquelles ceux-ci travaillent et ces conditions pourraient influencer leur santé psychologique.
Une précision technique est toutefois à faire en comparaison avec l’enquête Sous ta façade. Dans le sondage de l’INSPQ, la catégorie des étudiant.e.s à temps complet comprend des étudiant.e.s au-delà du niveau universitaire. On peut aussi y trouver des étudiant.e.s de niveau collégial, par exemple.
Que retenir de ces deux enquêtes?
Nous l’avons constaté, la détresse psychologique chez les étudiant.e.s universitaires n’est pas une situation nouvelle, induite par l’arrivée de la pandémie. Selon moi, s’il y a un élément à retenir de tout cela, c’est que la communauté étudiante représente une tranche de la population particulièrement à risque de vivre des difficultés psychologiques et la pandémie (et tout ce qu’elle entraîne!) n’a fait qu’accentuer celles-ci.
Comment améliorer son sort?
Malgré que le statut d’étudiant est associé à des défis psychologiques supplémentaires, on peut prendre certains moyens pour mettre toutes les chances de son côté en période d’incertitude ou d’adversité. On peut les nommer des facteurs de protection, c’est-à-dire des éléments personnels et environnementaux qui contribuent à l’adaptation.
Principalement, il y a le soutien de son réseau social qui est largement reconnu comme un élément protecteur contre l’adversité6. Cela peut comprendre la famille, les ami.e.s, les collègues de travail, un intervenant ou bref, n’importe qui! L’important est que ces personnes puissent apporter un certain soutien, donner des conseils ou donner de l’aide, par exemple. Une autre condition pour que le tout soit efficace est évidemment… d’utiliser son réseau quand on en a besoin! Si on cherche à combattre l’isolement et la solitude, il ne faut pas hésiter à se tourner vers les personnes de confiance de son réseau. Enfin, soyons indulgents envers nous même et acceptons le fait que nous serons moins productifs.
D’autres stratégies pour favoriser l’adaptation peuvent être de maintenir une routine, s’assurer d’avoir suffisamment de sommeil ou faire de l’activité physique régulière. Vous pouvez également identifier les activités ou les stratégies qui fonctionnent spécialement pour vous et ainsi vous aider à réduire votre stress, à vous détendre ou à faire le plein d’énergie.
Pour ceux qui sont dans l’écriture de leurs mémoire, thèse, etc., des communautés en ligne offrent la possibilité de rédiger avec d’autres personnes virtuellement pour vous garder motivé.e.s tel que : https://www.thesez-vous.com/virtuel.html.
Un élément important est de continuer à faire des activités qui permettent de sortir de sa routine : méditation, yoga, cuisine, écriture, jeux de société avec des amis en ligne, apprendre une langue, un instrument de musique…bref, soyez imaginatif !
Avec toutes ces informations en main, peut être que vous voulez maintenant passer à l’action. Chez Clic Aide, nos intervenants sont aussi des étudiants, nous prenons donc ce sujet très au sérieux. C’est une des raisons pour laquelle nous souhaitions offrir des consultations à moindre prix (20$), toutefois nous avons conscience que cela reste une somme non négligeable pour certaines personnes, surtout dans les circonstances actuelles.
Aussi, si vous êtes prêt.e à chercher de l’aide pour vous ou un proche pour qui vous vous préoccupez, les prochaines lignes vous donneront d’autres ressources vers lesquelles vous pouvez vous tourner.
Bien sûr, comme le reste de la population, les étudiant.e.s peuvent se tourner vers les différentes ressources offertes par le système public ou des organismes communautaires. Voici quelques exemples de ressources accessibles à toute la population :
Les étudiant.e.s. ont aussi la possibilité de se tourner vers des ressources précisément adressées à cette clientèle. Voici quelques exemples de ressources accessibles aux membres de la communauté étudiante :
1Consultez le rapport complet au lien suivant : https://www.inspq.qc.ca/covid-19/sondages-attitudes-comportements-quebecois/sante-mentale-janvier-2021
2https://www.lapresse.ca/actualites/sante/2021-01-14/sante-mentale/la-detresse-plus-criante-chez-les-jeunes-adultes.php
3American Psychiatric Association. (2015). DSM-5 : manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (traduit par J.-D. Guelfi et M.-A. Crocq; 5e éd.). Elsevier Masson.
4Consultez le rapport complet au lien suivant : https://unionetudiante.ca/wp-content/uploads/2019/11/Rapport-UEQ-Sous-ta-façade-VFinale-FR.pdf
5https://observatoireprevention.org/2017/05/03/lisolement-social-important-facteur-de-risque-de-mortalite-prematuree/
6https://cmha.ca/fr/documents/le-soutien-social
7https://www.aqps.info/besoin-aide-urgente/liste-centres-prevention-suicide.html
8http://www.qc.211.ca
9https://www.usherbrooke.ca/etudiants/sante-et-aide-a-la-personne/
10https://www.aide.ulaval.ca/psychologie/presentation/
11http://www.sae.umontreal.ca
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